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#5637
Joelle
Participant


    Et voilà, notre Paris-Brest-Paris est terminé. Après une longue préparation et de nombreux kilomètres avalés par tous les temps, nous avons tous réussi notre challenge. Partis à 6 et revenus à 6, ça aussi c’est un exploit.
    Pour ma part aucun stress jusqu’au départ, ni après d’ailleurs. J’ai réalisé que l’aventure commençait lors de la constitution des groupes de départ, entre 200 à 300 personnes. Le contrôle des vélos a été rapide et nous nous sommes engagés dans l’allée centrale du château de Rambouillet. Les accompagnateurs, visiteurs et candidats pas encore partis nous applaudissaient «allez les gars, courage», «bravo», «bonne route»…Oui, nous savions que nous ne partions pas forcément pour une balade de santé et que ce serait difficile. Pour Gilou, c’était la 4ème fois, pour moi la 3ème , pour Damien et Nico la 2ème fois. Seuls Jean-Jacques et Serge étaient novices et ne se doutaient pas vraiment de ce qui les attendait.
    Nous sommes partis les derniers de notre groupe E sans chercher à aller vite et avons pris le temps de parler avec des participants que nous avons retrouvés souvent le long de notre périple. Manque de chance, Damien a crevé au km 38. Plus personne pour nous aider,. les groupes partant tous les quarts d’heure, le groupe F ne nous avait pas encore rattrapés. Gilou, Nico et Serge partis devant nous ont attendus plus loin et nous ne nous sommes plus quittés.
    Les particularités du parcours cette année ?
    Pas tout à fait le même à l’aller et au retour. Si certaines parties avaient été allégées, la vacherie était tout juste après le pont Albert Louppe à la sortie de Brest. Au bout de 600km, il fallait grimper 1400m sur 90km. Heureusement, c’était la nuit et si nous apercevions les éclairages arrières des vélos, nous ne voyions pas la pente mais ne la sentions que sous les pédales. C’était une meilleure sensation.
    Yves Durieux, le Squadra breton, nous attendait à Carhaix pour un très sympathique accueil, comme il l’avait déjà fait en 2007 et 2011, avec pancarte d’encouragement, sandwichs, boissons, galettes au beurre salé de sa fabrication (un régal !). Toujours détenteur du record à la Squadra sur cette épreuve, il était venu en reconnaissance et nous avait prévenus : «gardez des forces, vous en aurez besoin» Effectivement…
    Le balisage ?
    Très bien dans l’ensemble même si les flèches auraient mérité d’être plus fluorescentes dans la nuit. Quel travail sur 1220 km ! Nous avons failli nous perdre au retour en suivant des participants qui, comme nous, voulaient peut-être se mettre à l’écart pour dormir un peu. Nous nous sommes posés en haut d’un gigantesque talus et avons fait une micro-sieste. Avant de repartir, nous avons réalisé qu’aucun cycliste n’était passé. Nous avons rebroussé chemin avant effectivement de retrouver la trace.
    Les pauses ?
    Elles ont été nombreuses. Les officielles,9 à l’aller et 10 au retour et celles que nous nous sommes accordés pour récupérer. Nous avons dormi 1h30 à Brest. Ce n’était pas forcément le meilleur endroit car, a défaut de place en dortoir, nous nous sommes reposés, plus que dormi, sur le carrelage d’un local bruyant attenant au self. Nico après avoir pris une douche a pu obtenir un lit mais a convenu qu’il aurait été mieux dans un couloir tranquille. Nous avons eu un dortoir pour 1H30 à Fougères. Ensuite nous nous sommes accordés des micro-siestes officiellement de 10 mn mais Damien, chargé de veiller au réveil, programmait sa montre sur un quart d’heure. Nous ne nous en sommes pas rendus compte, c’est lui qui a vendu la mèche ! Quel bienfait ! nous repartions requinquer pour plusieurs dizaines de km. Nous l’avons fait plusieurs fois en plein jour, dans des petits coins tranquilles, à l’ombre des arbres car le soleil cognait et mon compteur a régulièrement affiché des températures entre 30 et 35°. Sauf pour Gilou, je pense que la gestion du sommeil a été difficile pour la plupart d’entre nous.
    Les réactions du corps ?
    Elles ont été nombreuses et variées. Mais Serge a certainement été le plus atteint. Il a chopé une tendinite à chaque talon, puis les fesses ont commencé à cuire et les dessous de pieds à chauffer. Il passait son temps de pause à crèmer et s’arrêtait parfois dans un champ de maïs pour compléter le travail aux miches. Gilou a eu très mal au dos, et c’est encore le cas, aux mains et sous les pieds. Moi, j’ai eu mal aux fesses, un temps, mais la crème de Serge a vite mis fin a ces douleurs puis c’est au niveau de la clavicule droite que s’est déclenchée une douleur que je maitrisais en mettant ma main gauche sur mon épaule droite. Je crois que chacun d’entre nous a plus ou moins eu des échauffements sous les pieds et les fesses.
    Toutes ces douleurs ont ralenti le train du retour. Damien et Nico, les jeunots de l’équipe ont fait un gros travail de locomotive. Serge, trop fougueux ne pouvait tenir le rythme adéquat, JJ, toujours a gauche, a souvent dû supporter mes remarques pour sa sécurité et la nôtre, tout comme Gilou d’ailleurs.
    La nourriture ?
    Bonne partout sauf à Brest, comme d’habitude. Nous n’étions pas là pour faire de la gastronomie mais pour nous nourrir et avancer sans flancher. J’avais l’impression de manger tout le temps. Effectivement c’était tous les 80-90 km environ. Nous mangions de la purée ou des pâtes, des tomates ou des carottes râpées à 7h du matin ou 17h, un petit déjeuner à minuit ou 1h du matin. Enfin bref, un autre rythme qu’à la maison.
    Les ennuis mécaniques ?
    Ils ont été peu nombreux, les machines ayant été vérifiées, graissées, remises en état parfait de marche. Damien a crevé en début de parcours et moi dans la deuxième partie au km 750 environ. Damien et Serge en ont profité pour faire une sieste dans la rosée matinale peu attirante pourtant. s’ils avaient su qu’ils y avait un contrôle secret peu après, ils auraient avancé pour être dans un endroit plus confortable. Alors que sa tête touchait à peine le sol, Serge s’est mis à ronfler comme un bienheureux. Il nous a dit pourtant n’avoir rien dormi à son réveil !
    Les rencontres ?
    Que des gens sympathiques, des mordus de la route de tous pays. Des italiens toujours très volubiles, des allemands en nombre important, un indou, un taïwanais, un Sud Africain, Un Brésilien,71 pays étaient représentés.Christophe de Boën nous a rattrapé à Loudéac, il ne pouvait plus rien avaler depuis Vilaine la Juhel. Il a hélas dû abandoner. Nous avons retrouvé Régis de St Just St Rambert plusieurs fois. Il a réalisé, cette 7ème année de PBP, son plus mauvais temps dû à la chaleur, à l’aide apportée aux autres en difficulté,… A l’inverse des années précédentes, nous n’avons pas vu beaucoup de personnes handicapées avec un bras ou une jambe. JJ a repéré une asiatique avec de très grands ongles bleus. Il l’a vite baptisée «démonte pneus».Nous l’avons rencontrée souvent et elle a fini peu après nous.
    Le cri du cœur de Serge en arrivant auprès de Marie-Noëlle : «Jamais, je t’emmènerai dans cette galère !». Après quelques jours de sa réussite, je suis sûre qu’il a changé d’avis. Nous passons la main à d’autres Squadra motivés ayant de bonnes jambes mais surtout un bon mental, pour nous c’était la dernière fois, c’est sûr !
    Je termine en remerciant les très nombreuses personnes qui nous ont adressés leurs encouragements et leurs félicitations, ainsi qu’à tous ceux qui nous ont initiés à ces longues distances. Nous n’avions pas le droit d’échouer !