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Anonyme

    Le Triangle de la Burle

    Le triangle de la Burle, est un périmètre se situant approximativement entre le mont Mézenc, le Puy en Velay, et le massif du Pilat. C’est autour de ce périmètre que se seraient produits environ 70 accidents aériens, et peut-être 80.

    Courant septembre, trois aventuriers ont parcouru ce triangle en VTT. Damien nous a fait le récit de cette belle aventure (en mode survie – à la dure !). À son retour, j’avais proposé à Damien une trace pour effectuer ce périple, mais en vélo route cette fois. Il ne restait plus qu’à trouver une date sur le calendrier. Samedi dernier nous avons tenté donc la version vélo route… elle a tenu toutes ses promesses !

    Pour l’occasion, nous avions invité notre copain Régis de St-Just-St-Rambert (le spécialiste de la longue distance), le départ étant prévu à 8h00 chez moi, à Saint-Just-Malmont.

    7h30 : La sonnette retentit dans la maison endormie « Salut Nico, ça va, c’est Régis… ». Régis est impatient et prêt à en découdre avec ce Triangle.

    Damien arrive et nous partons vers 7h50. Nous sommes en avance sur le planning. L’air est humide mais la température est correcte (11°C), d’ailleurs celle-ci sera constante tout au long de la journée (entre 10 et 12°C comme le rosé !). Par précaution, on allume les éclairages. J’imagine la tête de mes voisins qui nous regarde plus ou moins discrètement derrière leur vitre, ils doivent se dire… mais ce n’est pas notre problème, le Triangle de la Burle nous attend.

    Quelques tours de pédales et les premières (très fines) gouttes apparaissent, on n’y prête pas attention. Saint Victor Malescours / Saint Pal de Mons / Raucoules mais la pluie s’intensifie, la route est bien mouillée, impossible de rester dans les roues des copains.

    On arrive au barrage de Lavalette, le réservoir d’eau de la ville de Saint-Étienne. Cet été, il a souffert de la sécheresse, et il a besoin de cette pluie… Après, la route s’élève pour rejoindre le village de St-Jeures, et on commence à être bien mouillé.

    9h38 : Un SMS d’Agnès « Il pleut, il mouille… Je suppose que cela ne va pas vous arrêter ? »

    Faire demi-tour et rentrer, personnellement j’y pense depuis un petit moment, mais ça ne semble pas être le cas de mes camarades de route. Régis est tout content, il peut tester ses nouveaux éclairages en prévision de son futur Paris-Brest-Paris (son 7ème), et puis il a téléchargé la trace du parcours sur son nouveau joujou, le Garmin 520. Il joue avec, il connaît le nombre de montées qu’il nous reste à faire, etc. Par contre, l’altimètre semble ne pas fonctionner correctement… le mythe du Triangle ? 🤔

    Quant à Damien, serein, un grand sourire « on va passer une belle journée, ça va être top » !

     

    Nous arrivons au village de Saint-Jeures (environ 1040m d’altitude), au pied du pic du Lizieux. Au loin, tout droit, le ciel est noir, très noir, pas très engageant, mais la chance semble être avec nous, car nous devons tourner à droite, direction Araules pour rejoindre le col de Raffy. Dans cette direction le ciel se dégage on devine (enfin presque) un petit bout de ciel bleu… tout doucement la pluie s’arrête.

    Là, nous sommes dans la forêt du Meygal, au cœur des sucs volcaniques de la Haute-Loire. Le Chalet du Meygal, point de départ des pistes de ski de fond, le col de Raffy (1250 m) est la première ascension de la journée. Au col de Raffy, on retrouve de nombreux balisage, notamment pour des circuits VTT… il faudrait revenir avec la Squadra VTT 😉.

    On plonge avec prudence, car la route est humide, sur le village de Queyrières et son rocher (appelé aussi Neck par les habitants), composé d’orgues basaltiques, témoin du volcanisme environnant. Au loin, on distingue les sucs, au milieu des nuages, le bassin ponot en fond de plan ; on a l’impression d’être au bout du monde ! C’est magique !

     

    On traverse Saint-Pierre-Eynac, la route est pratiquement sèche (nous aussi d’ailleurs 😉) ! Les maisons sont en pierre ; certaines ont des toits en lauze. On imagine la structure de la toiture pour supporter une telle charge… ce n’est sûrement pas de la fermette industrielle ! Le climat est rude, l’habitat est adapté afin de résister à la Burle !

    À partir de là, je ne connais trop les routes que l’on va emprunter, on va donc suivre la trace d’une randonnée organisé par le club cyclo de Coubon « La ronde des pâquerettes ». Du coup on emprunte des petites routes très agréables, sans circulation, c’est parfait.

    https://www.cyclocoubon.com/ronde-des-p%C3%A2querettes-2022

     

    Blavosy / Coubon… l’ambiance est particulière, un peu mystique : au loin les sucs dépassent dans la brûme, le château de Bouzol sur son éperon rocheux, on se croirait dans un film fantastique. Des trolls vont-ils surgir ?

    Nous devons monter au Monastier-sur-Gazeille – 10km d’une montée très régulière, 3%, pas de circulation, la route est très agréable. Mais au loin, dans cette direction, le ciel est noir. ☹ Damien commence à nous parler de la malédiction du Monastier-sur-Gazeille ! Et plus on s’approche du Monastier et plus la pluie revient (très fine au début) puis s’intensifie.

     

    12h30 : On arrive au Monastier-sur-Gazeille (90km et 1750m de D+ au compteur), il faudrait que l’on fasse une première pause. Nous avons nos sandwichs mais il serait bien (notamment pour le moral) de trouver un petit dessert, une douceur sucrée. La première boulangerie que l’on croise est fermée ☹ mais là encore la chance est avec nous : on passe devant un salon de thé, non pas une chaîne industrielle du style Mc Do ou Marie Blachère, non, un artisan pâtissier / chocolatier (Raphael PUECH) qui est fier de son métier et qui travaille avec des produits locaux (enfin pas les fèves de cacao 🤔).

    https://www.lacommere43.fr/mezenc-meygal-mobile/item/44220-au-monastier-sur-gazeille-raphael-puech-est-le-roi-de-la-galette-video.html

    La devanture est très alléchante, et nos choix s’arrêtent sur le chausson Poire/Chocolat pour Damien et moi, et Myrtille pour Régis. L’artisan nous propose une boisson chaude, un thé vert / menthe, là encore pas un simple sachet, non, des feuilles de thé vert et de menthe que l’on laisse infuser… À l’heure où j’écris ces quelques lignes j’ai encore la saveur de ce chausson et de ce thé… ma madeleine de Proust !

    Nous sommes bien installés sur les banquettes, on se délecte, on savoure… dehors il pleut toujours. J’essaie de me connecter à Météociel car aujourd’hui il n’y a pas d’édito sur le site de « La météo à temps perdu ». Damien, serein, « t’inquiète ça va le faire… ».

    Il est temps de repartir, on remercie notre hôte. On s’éloigne du Monastier-sur -Gazeille et on passe devant le viaduc de la Recoumène. Pour l’anecdote, ce magnifique pont à destination ferroviaire n’a jamais été mis en service, et n’a jamais vu passer de train.

    Petit à petit la pluie s’arrête… à Freycenet-la-Tour la route est sèche. Damien avait raison à propos de la malédiction du Monastier-sur-Gazeille.

    Initialement, le parcours que j’avais tracé contournait le Mont Mézenc, mais Damien tenait absolument à passer devant les Dents du Diables (pas très engagent comme nom !). Il fallait donc passer par le col de la Croix de Peccata à 1559m dans le brouillard ! Dans ces cas-là, Damien a toujours de solides arguments :

    « Tu verras en haut il y a le soleil… » ; « Tu sais ce que dis Joëlle, on regrette toujours… »

    Régis aussi opte pour l’option Croix de Peccata, la majorité l’emporte. Durant l’ascension, on retrouve une route humide, le vent nous accompagne, enfin la Burle. Au sommet, le brouillard est épais, on ne traîne pas. On plonge sur Chaudeyrolles, en passant devant les fameuses Dents du Diable – impressionnants pitons volcaniques, là encore c’est magnifique, on plonge au bout du monde !

    La route redevient sèche, à Fay-sur-Lignon quasiment personne sur la place, la fontaine coule toujours mais le débit est très faible.

    Direction St Agrève, mais il faut traverser ce plateau du Mézenc, et la Burle s’invite à nouveau dans notre voyage.

    15h20 : on arrive sur la place de Saint Agrève, les terrasses sont vides (rien d’étonnant, non ?). On s’arrête quelques minutes pour manger un petit sandwich (2ème pause). On repart en direction de Devesset et Saint-Bonnet-le-Froid. La température avoisine les 10°C, la route est sèche… il est temps de rentrer.

    On trouve un épais brouillard entre Saint-André-en-Vivarais et Saint-Bonnet-le-Froid. Nous sommes sur le plateau du Vivarais, à une altitude oscillant entre 1000 et 1200m. On descend avec prudence sur Riotord, petite incursion dans le Pilat, et on savoure les derniers kilomètres de cette belle journée. 👍

     

    17h57 : Retour au point de départ, 204 km pour 3200m de D+, je ne sais pas si mes voisins nous observent toujours mais on a passé une super journée !

     

    Pour terminer ce compte-rendu, je vais reprendre le SMS que Damien m’a envoyé dimanche matin :

    « Ce matin, c’est fou comme il fait beau. La malédiction du Triangle n’est pas un mythe. Nous nous y sommes frottés et, malgré les difficultés, nous en avons réchappé. Il y a le vélo sport et le vélo aventure ! »

    Nicolas